2 – Cibles & objectifs


Qu’est-ce que réussir ?

Il n’y a pas de réponse unique à cette question. Chacun a ses aspirations et sa vision de ce qu’il considère comme une réussite. Selon les milieux dans lesquels vous évoluez, selon vos convictions (facultatif) ou vos centres d’intérêt ; réussir ne signifiera pas la même chose, il n’y a pas de bons ou de mauvais desseins, leur bien-fondé vous appartient, mais il y a en revanche une obligation de choix, vous ne pourrez pas courir cent lièvres à la fois. 

Qui voulez-vous enfler et quel bénéfice allez-vous en tirer ?

Viser juste et identifier correctement vos cibles est crucial. Si par exemple vous avez besoin de quelqu’un pour sortir le chien pendant votre absence ou pour surveiller les allées et venues de votre conjoint(e), vous pouvez faire croire à la concierge qu’elle est votre meilleure amie. Si cela fonctionne, il y aura des bénéfices secondaires : elle prendra plus grand soin de votre courrier, de vos livraisons, balayera plus vigoureusement votre palier etc. Mais si les choses tournent mal et qu’elle se rend compte que vous vous foutez de sa gueule, elle aura un pouvoir de nuisance largement supérieur à son bénéfice potentiel : taper dans vos colis ou les mettre à la benne, fouiner et voler dans votre appartement quand vous n’êtes pas là, salir votre réputation dans l’immeuble, vous dénoncer à la police pour des crimes imaginaires, etc.

Prêtez donc une attention soutenue au choix des personnes que vous souhaitez gruger : quels sont les risques ? Quels efforts cela implique ? Quels bénéfices pour quels objectifs ?

Si vous n’êtes pas sûr des objectifs en question, voici un exercice simple : notez en quelques mots ce que vous désirez le plus, ou ce qui vous manque le plus en ce moment. Cela peut être posséder une maison ou une voiture, trouver du travail ou obtenir une promotion ; avoir du pouvoir, être riche, célèbre, participer à des orgies ou simplement vous faire de nouveaux amis pour être invité à dîner plus souvent : manger, boire et passer du bon temps sans lâcher un kopeck.  

Limitez-vous à un élément pour commencer puis posez-vous la question : qui pourrait m’aider à obtenir cette chose dont j’ai tant envie ? Dans quels cercles cette (ou ces) personne(s) évolue(nt) ?

Pensez accessibilité, respectez la chronologie, la hiérarchie, attaquez les petits poissons avant de vous frotter au boss. Si par exemple votre objectif est d’épouser une riche héritière à demi célèbre pour vivre aux frais de la princesse, commencez par sympathiser avec son hypothétique cousine amère et désargentée. 

Si votre objectif est de grimper les échelons professionnels pour vous asseoir à côté du patron, commencez par gagner la confiance de vos collègues plus brillants ou plus travailleurs que vous, débarrassez-vous d’eux, puis visez votre supérieur direct pour prendre sa place. 

Vous devez vous fixer des objectifs à votre portée, des objectifs réalistes, surtout si vous êtes novice. Quelles que soient vos aspirations, il y aura toujours quelqu’un pour vous aider malgré lui. 

Cela peut être une ou plusieurs personnes connues ou inconnues. Cela peut être une entité, un groupe, une association, une communauté etc.

Ce sont ces personnes, ces entités que vous devrez flouer, ce sont vos cibles et il est primordial de les identifier elles, mais également leur milieu, leurs codes, leurs usages, leurs mots, leurs limites et leurs excès. Toutes ces choses, vous devrez les adopter pour inspirer la confiance et être accepté, cette confiance sera le terreau de votre réussite.

Notez que si entuber les autres est pour vous une fin en soi, que si vous trompez, flouez et humiliez principalement par nature ou par goût, il y a de fortes chances pour que vous soyez un(e) sociopathe. Renseignez-vous bien sur les nombreuses prédispositions à la réussite qu’implique cette condition.

La bonne distance

Comme pour tant d’autres choses désagréables, le cadre intime peut se révéler l’un des plus propices à l’entubage. 

D’abord, pour des questions de proximité : désirer le job de son meilleur ami, le mari de sa sœur ou la villa de ses cousins semble plus probable que désirer ceux d’inconnus dont on ignore l’existence. 

Ensuite, pour des questions de facilité, à moins que vous ne vous soyez compromis à plusieurs reprises, la confiance de vos proches (si elle n’est déjà acquise) vous sera plus accessible que celle d’un étranger ; et si on vous fait confiance, le plus dur est fait.

Néanmoins, entuber un proche ou un intime présente plusieurs risques.

Premièrement, s’il vous connait bien ou depuis longtemps, le proche risque de vous voir venir de loin, de flairer vos combines, de vous rire au nez et de ruiner votre crédibilité. Une tribu c’est une limite, et le regard figé que la vôtre porte sur vous restreint votre marge de manœuvre et vous prive de la liberté de décider ce que vous êtes ou non. Votre rôle, votre personnalité, votre statut sont ici gravés dans le marbre, et il n’y qu’en changeant de tribu que vous changerez de condition.

Deuxièmement, un proche pourra vous faire du tort plus facilement qu’un inconnu. Les proches connaissent votre adresse, vos habitudes, vos faiblesses… Des proches peuvent se fédérer pour vous nuire, vous faire payer un entubage mal digéré, vous humilier au prétexte de vous remettre à la place qu’ils pensent être la vôtre. Ils peuvent vous rejeter et vous condamner au mieux à la repentance, au pire à l’exil. Si vous êtes démasqué, vous perdrez votre base arrière et serez privé de toute solution de repli. 

Tout sera à refaire ailleurs.

La personne inconnue à contrario ne sait rien de vous, et vous avez toute latitude pour l’embobiner comme un nouveau-né. Le travail en amont sera plus exigeant, plus long, mais le résultat plus gratifiant et le risque de se retrouver à poil moins important. 

Service minimum

Vous êtes fainéant ? Rassurez-vous, réussir c’est parfois juste empêcher l’autre de s’élever au-dessus de soi. Il est en effet beaucoup plus facile de saper les efforts d’une personne que d’en faire soi-même, et la rabaisser pourra […]