3 – La base


Maintenant que vos objectifs sont à peu près clairs, reste à trouver ceux qui pourront vous aider à les atteindre et à comprendre comment les gruger. Vous êtes votre outil principal, vous êtes votre arme. 

  Qui suis-je ? 

 Qui suis-je ? n’est pas la bonne question, qui vous êtes n’intéresse que vous, la bonne question à poser est : qui ai-je besoin d’être pour obtenir ce que je veux ?

Ou quel rôle dois-je jouer pour gagner la confiance des personnes dont je veux tirer profit ? Nous, humains, avons naturellement tendance à faire confiance à ceux qui nous ressemblent, nous épaulent, qui partagent nos expériences, rites et croyances… À ceux que nous considérons comme alliés ou proches. 

À l’époque où nous vivions dans des grottes, avoir des alliés était une question de vie ou de mort, qu’il s’agisse d’aller chasser le mammouth ou de bouter une tribu de dégénérés hors de nos plate-bandes, rien ne se faisait tout seul, et la personne qui tenait la lance ou la pierre à côté de vous devait être fiable si vous ne vouliez pas finir piétiné par un éléphant à fourrure ou éventré par les barbares susnommés.  

Comment donc se faire passer pour un allié fiable ?

Comment approcher une tribu et gagner sa confiance pour l’intégrer ?

Mon personnage principal

La mauvaise nouvelle est qu’à moins que vous soyez un surdoué des faux-semblants et de l’entubage, vous ne pourrez être tout le monde à la fois et donc ne pourrez pas plaire et inspirer la confiance à tout le monde à la fois. Faire semblant d’être ce qu’on n’est pas demande du travail et des efforts, c’est d’ailleurs souvent ce qui trahit le sociopathe en situation de couple, lassé et fatigué qu’il est de porter un masque de perfection taillé sur mesure pour gruger sa victime, il finit par le laisser tomber et le prince charmant (ou la princesse) qu’il (ou elle) prétendait être devient le plus laid des crapauds !

Il va donc falloir choisir qui vous voulez/devez être. Si vous avez déjà utilisé une application de rencontre, vous avez dû remarquer l’approche qu’en ont l’essentiel des utilisateurs, ils décrivent avec plus ou moins de subtilité l’objet de leur convoitise comme un assemblage : « Je la veux douce, avec des lettres, le téton fier, la cheville fine. » « Je le veux grand, avec une barbe, un gros QI et un balai. »

Quels attributs et accessoires satisferont aux standards de promiscuité de ceux que vous visez ? Forgez un personnage, une identité qui soit modulable : une base solide, et des accessoires multiples. Ces derniers seront des signes de connivence ou d’affinités adressés à vos cibles. 

Imaginez que vous deviez servir des pizzas à dix, cent ou mille personnes. La base sera la même pour tous : un cercle de pâte et de la sauce tomate. Facile. Les choses se compliqueront quand chaque personne exigera des ingrédients personnalisés : fromage, jambon, olives, saucisse, champignons, thon, poulet etc.

Eh bien la pizza, c’est vous. 

Il y a la base : un tronc commun qui restera le même en toute circonstance ; et les ingrédients, ces variables que vous adapterez à vos interlocuteurs.

La base cela peut par exemple être votre histoire personnelle (réelle ou non) : vous êtes originaire de telle ville, vos parents faisaient tel métier, vous avez été à telle école… 

Cela, vous le servirez à tout le monde parce que c’est facile de s’en souvenir et que ça évitera de vous emmêler les pinceaux.

Les ingrédients en revanche, ce sont les détails que vous changerez en fonction de l’auditoire. Si vous voulez provoquer la compassion par exemple, votre ville, le métier de vos parents et l’école de votre enfance seront toujours les mêmes, mais vous ajouterez que votre père était alcoolique et votre mère dépressive (ou l’inverse). Face à une personne qui a subi des sévices dans son enfance, vous pourrez raconter que vous (aussi) avez été battu, ou violé, etc. Rien de tel que des expériences communes traumatisantes pour créer du lien, et l’avantage des traumatismes est que l’on n’est jamais obligé de donner des détails, il suffit de verser quelques larmes ou de prendre l’air anéanti pour être cru. Si un malotru insiste pour en savoir plus sur ce traumatisme plus ou moins imaginaire, inspirez-vous d’un film ou d’un roman, ils ne parlent que de ça ! Et en dernier recours, si vous êtes acculé et que votre crédibilité est en jeu : évanouissez-vous. Cela demande un peu d’entraînement, mais peut vous sortir de bien des situations difficiles. 

Style vestimentaire et accessoires fonctionnent de la même manière que la pizza : si vous voulez faire simple, choisissez-vous un style vestimentaire de base relativement passe-partout, mais prévoyez des variations et des accessoires en fonction des situations et des cercles à investir. La technique du caméléon. Par exemple, une casquette et un modèle de chaussures de sport à la mode si vous devez rencontrer un (ou des) jeune(s). Une montre en or de marque et un téléphone dernier cri si vous êtes attendus chez des nouveaux riches, un pendentif affirmant l’appartenance à une religion ou à des origines géographiques si la situation s’y prête etc.

Au chapitre des ingrédients et des variables on compte également la langue, le langage : accent, intonations, vocabulaire etc. Votre sens de l’observation est primordial, écoutez bien comment s’expriment vos interlocuteurs, ils auront tôt fait de révéler malgré eux leurs origines sociales, leur niveau d’éducation, leur degré d’intelligence, de culture etc. 

À vous de calquer votre comportement sur le leur pour les mettre à l’aise et leur donner l’illusion qu’ils ont affaire à un de leurs semblables. 

Si l’on vous lance un « Wesh ? » interrogatif, ne répondez pas par un « Plaît-il ? » interloqué mais plutôt par un autre « Wesh ! » enthousiaste.

Quand en société vous […]