13 – Le pouvoir


Monter dans la hiérarchie politique pour atteindre une position de décisionnaire, élu ou non, est une voie royale vers l’entubage de grande ampleur, et plus vous serez haut  dans l’exécutif, plus vous pourrez vous en donner à cœur joie. 

Anxiocratie

Entuber les masses n’est pas foncièrement différent d’entuber un individu, les ressorts sont les mêmes : mensonges, menaces, inversion accusatoire, gaslighting, flatteries etc. Mais toucher le plus grand nombre implique viser le plus petit dénominateur commun et l’instinct de survie étant une des caractéristiques humaines les mieux partagées, jouer sur la peur de la mort et de tout ce qui peut la provoquer, maladie ou pauvreté par exemple, est l’assurance de parler à tout le monde ou presque. 

En effrayant un groupe, aussi large soit-il, vous aurez son attention, en le convaincant que vous avez (et que vous êtes) la solution à sa frayeur existentielle, vous l’aurez à votre merci. Ladite solution sera évidemment celle qui vous arrangera et servira votre pouvoir, l’incarner justifiera toutes vos actions, même les plus abjectes, et vous assurera docilité, collaboration et même admiration. 

Plus la frayeur sera conséquente, plus la masse vous suivra aveuglément, y compris et surtout à ses dépends : une solution à un problème présenté comme critique ne sera crédible que si elle implique souffrances et sacrifices. 

Il y aura des récalcitrants, car il y en a toujours, mais loin d’être un problème, ils serviront votre cause : désignez-les, accusez-les, diabolisez-les ! Ce faisant vous diviserez votre population, et quand la majorité aura son attention tournée vers ces fort commodes boucs-émissaires, elle n’aura plus cure de vos forfaitures.    

Mais mieux encore, vous pourrez non seulement utiliser le prétexte de l’indocilité pour renforcer les lois qui vous servent, mais en plus faire endosser aux rebelles vos échecs et le fiasco probable de vos solutions imaginaires, car si elles ne fonctionnent pas, ce sera « logiquement » de la faute de ceux qui ne s’y plient pas.

État d’urgence

Par où commencer ? La recette est simple et éprouvée : choisir un phénomène dont la réalité et la gravité sont plus ou moins avérées, l’amplifier en braquant dessus une loupe jusqu’à ce que plus rien d’autre ne compte, puis ajouter l’ingrédient magique qui fera monter la sauce : l’urgence. 

Une catastrophe ne sera prise au sérieux que si elle est imminente. 

Plus la menace sera proche, plus vous pourrez en […]