4 – Être quelqu’un de bien


Un joli costume

Bien que personne ne sache vraiment ce que cela signifie, tout le monde aime ou prétend aimer les « gens bien ». Se faire passer pour « quelqu’un de bien » est donc un bon moyen d’inspirer la confiance. La seule difficulté est que chacun a une définition de ce qu’est ou devrait être quelqu’un de bien ; pour rester dans un cadre large, certaines valeurs comme la loyauté, la bienveillance, l’honnêteté, la politesse, la générosité, l’originalité (relative) recueillent la plupart des suffrages… 

Peu importe que personne (ou presque) ne respecte les valeurs auxquelles il prétend adhérer, l’important est que vous soyez une incarnation possible de ces valeurs, que l’on vous associe à elles. 

Par exemple, la générosité est une valeur très facile à incarner. Vous pouvez raconter donner à des organisations qui soutiennent telle ou telle cause, personne ne pourra vérifier. Si vous croisez un pauvre ou un mendiant, vous pouvez lui glisser quelques pièces ou même un billet. 

Plus coûteux, mais efficace dans tous les milieux : prendre les additions au restaurant plus souvent qu’à son tour, payer des verres, des cafés ou amener des gourmandises le matin au travail ou à l’école. Attention quand même à ne pas trop en faire, une personne ayant l’impression de trop vous devoir pourrait être mal à l’aise en votre présence et même préférer vous éviter. 

Si la situation le permet (restaurant, bar, taxi…), pensez à toujours laisser un pourboire. Selon vos accompagnants, vous pourrez le justifier en fustigeant « l’exploitation de l’homme par l’homme, les salaires de misères, la pingrerie des gens », ou en encensant « ceux qui travaillent vraiment et qui se lèvent pour aller au charbon quand d’autres vivent de la charité publique sans en branler une. »

Les occasions de se montrer généreux sont très nombreuses, de plus la générosité permet de brouiller les pistes, en donnant ostensiblement, vous passerez pour quelqu’un de crédule, de « trop bon » ou de facile à gruger. On ne se méfiera pas de vous et vous pourrez d’autant plus facilement porter des coups invisibles. 

Rejoindre bénévolement une association est aussi une excellente manière de passer pour quelqu’un de bien. Qu’il s’agisse de sauver la planète, les bébés panda, les chiens errants, les pauvres, une ou des minorité(s), les vieux, les jeunes, les arbres, les églises, les abeilles… Il y a presque autant d’associations qu’il y a de personnes désireuses de sauver n’importe qui (ou n’importe quoi) plutôt qu’elles-mêmes. Si vous visez large, choisissez-en une à la vocation fédératrice et un peu vague pour vous attirer la sympathie d’un maximum de personnes, par exemple la paix, l’éducation ou la solidarité. Si vous visez un cercle particulier, optez pour un thème associé. 

Quelle que soit la cause défendue, en rejoignant les rangs d’une association caritative ou simplement liée à la sauvegarde de quelque chose, vous obtiendrez le statut social de « personne engagée qui donne de son temps », ce qui dans beaucoup de milieux vous assurera admiration et crédibilité sans beaucoup d’efforts, puisqu’une fois engagé, passer boire un café ponctuellement dans les locaux de l’association suffit pour en porter les couleurs. Contentez-vous donc de faire savoir que vous soutenez une ou deux de ces organisations, récupérez quelques tee-shirts ou babioles à message pour bien l’afficher, et exploitez tous les bénéfices que vous pourrez en tirer en société.

Enfin, endosser le costume de « quelqu’un de bien » a un autre avantage majeur en communauté, personne ne croira celui que vous avez enflé si d’aventure il devait vous démasquer et dénoncer publiquement vos agissements : « Brandon un escroc !? Mais c’est impossible voyons, il milite pour l’égalité des droits entre la frisée et les lardons ! »

Empathie, mon amie

Faire preuve d’empathie est une manière très à la mode de passer pour quelqu’un de bien. L’empathie est comme chacun sait la capacité à se mettre à la place de l’autre. Faire preuve d’empathie envers quelqu’un est relativement simple, il suffit de se poser la question : « Que ressentirais-je et que ferais-je si j’étais dans la situation de cette personne qui me parle ? », et de réagir en conséquence. 

Si Marie-Paule vous dit : « J’ai été virée et je suis à la rue », votre réponse devrait être quelque chose du type : « Oh mon Dieu Marie-Paule, comment ça va ? C’est effrayant ce qui t’arrive ! Est-ce que tu tiens le coup ? As-tu besoin de quelque chose ? »

Ce faisant, vous donnez l’impression que les émotions (et la vie) de Marie-Paule vous concernent, et créez sans difficulté une illusion de lien profond et donc de confiance. Marie-Paule et vous êtes liés dans son adversité.

Faire preuve d’empathie, qu’elle soit réelle ou artificielle, est essentiel dans une démarche de rapprochement, et être capable de se mettre à la place de l’autre est une excellente manière de le connaître.

Si vous en êtes incapable, vous êtes probablement un sociopathe, et votre absence d’empathie peut ici vous desservir. Vous ne comprenez pas […]