Le gaslighting

gazlighting

Ce mot barbare désigne une méthode très prisée des sociopathes et autres manipulateurs. L’idée en est très simple, faire douter l’autre de la réalité en le faisant questionner ses sensations, souvenirs, actes, paroles… À court terme ça peut ressembler à un simple mensonge, avec la répétition et le temps cela peut devenir un outil de contrôle redoutable qui provoquera anxiété, perte d’estime et de confiance en soi, impossibilité à agir/décider, dépendance, confusion et in fine folie.

– Comment gaslighter quelqu’un ?

Comme pour toute forme de conditionnement ou de lavage de cerveau, stratégie et progression sont les maîtres-mots. Vous ne pourrez pas convaincre une personne saine d’esprit qu’elle n’a que quatre doigts à une main quand elle en a en réalité cinq. En revanche, vous pouvez lentement et sûrement lui faire accepter l’idée que sa capacité à compter est altérée, que les chiffres « ce n’est pas son truc », qu’elle se trompe systématiquement, et avec un peu de persévérance qu’elle ne sait pas compter du tout. Une fois qu’elle aura perdu confiance en ses capacités, elle s’en remettra complètement à vous (son sauveur/bienfaiteur) quand il s’agira de compter ses doigts ou autre chose (son pognon par exemple).

Les points faibles de votre cible sont le meilleur terreau du doute. Dans le cas exposé ci-dessus, la duperie marchera beaucoup mieux si la cible a un passé douloureux avec les chiffres, une scolarité contrariée par de piètres résultats en algèbre, un parent ou un professeur qui a bien préparé le terrain en lui martelant son incompétence.

Chaque faille est une opportunité de faire passer des vessies pour des lanternes. Au conjoint qui se (re)connaît un fond de jalousie, on pourra faire gober que toute protestation de sa part quant à un comportement ambigu ou inapproprié est problématique et pathologique : « Oui j’ai passé la soirée en tête-à-tête avec Norbert pour la troisième fois de la semaine, mais ce n’est qu’un collègue voyons. Ta jalousie devient maladive. Il faudrait que tu consultes. »

Lui suggérer que sa mémoire n’est pas fiable : « Evidemment que je t’avais prévenu, as-tu encore oublié ? Tu as un problème de ce côté là, tu le sais bien. »

Avec le temps, on pourra même le convaincre qu’il déraille : « Non, ce n’était pas sa main dans ma culotte ! Tu vois des choses qui n’existent pas ! Psychose ou paranoïa, tu perds pied avec la réalité, tout le monde le dit. »

Si le terrain est fertile et son entretien savant, la cible de la mystification sombrera progressivement dans la confusion et abandonnera la validation de ses ressentis et de ses expériences à son manipulateur, qui se retrouvera seul maître à bord.

– Gaslighting pour tous !

Les applications du gaslighting sont très nombreuses et efficaces dans tous les cadres : professionnel, amical, amoureux etc. La cible qui a le goût du doute sera la plus facile à berner, et davantage encore si elle accorde confiance ou porte estime à son abuseur.

Dans un contexte familial, un parent peut par exemple très facilement manipuler son enfant dans ce sens. Faire disparaître un jouet et affirmer à l’enfant qui s’en plaint que le jouet n’a jamais existé, qu’il l’a inventé ou rêvé, puis le faire réapparaitre quelque temps plus tard et prétendre qu’il n’a jamais disparu.

Il peut lui reprocher d’avoir mangé deux compotes quand il n’en a mangé qu’une et s’il nie le traiter d’affabulateur indigne. Lui promettre Disneyland pour son anniversaire, ne pas l’emmener, et lui suggérer quand il réclame son cadeau qu’il a tout inventé, jusqu’au parc d’attraction lui-même.

À terme, l’enfant n’aura plus la moindre idée de ce qui est vrai ou non, il perdra toute souveraineté sur son esprit, doutera de la réalité, et sa santé mentale sera menacée. Avec un adulte le trait sera moins grossier, mais soumis au même traitement il ne s’en sortira pas mieux.