1 – Moi & les autres


Quels autres ?

Une démonstration commence souvent par une définition. Qui sont ces autres dont on parle ici ? Les autres sont tous ceux qui ne sont pas moi, c’est pour ça qu’on les appelle les autres. Aussi trivial qu’il paraisse, ce constat nous rappelle une réalité indépassable : JE est plus important que les autres.

Entreprendre quoi que ce soit nécessite d’ouvrir les yeux sur cette réalité. Vous n’irez nulle part si vous ne vous donnez pas la priorité, personne ne fera à votre place les efforts qui vous reviennent et personne ne vous sauvera.

Personne.

Est-ce à dire que les autres sont inutiles ? Certains le sont, d’autres non, et vous devez apprendre à les distinguer. 

– L’inutile

L’inutile porte bien son nom. C’est l’ami, le collègue, le plus ou moins proche qui n’a rien à vous apporter. Imaginez un marteau sans tête ou une voiture sans moteur et vous aurez le tableau. 

Encombrant, frustrant, ennuyeux… l’inutile est souvent une perte de temps et d’énergie. C’est un boulet que vous trainez par habitude, par compassion, par manque de discernement, ou peut-être simplement parce que vous aimez ça.

– L’utile

L’utile présente les qualités inverses : il a quelque chose dont vous pouvez profiter. Il est l’outil qui règle le problème, le marchepied qui élève socialement, économiquement ou professionnellement…

Il y a l’utile d’entrée de gamme : c’est le copain plombier, le beau-frère policier, le couple d’amis avec piscine etc. 

Et l’utile haut-de-gamme : c’est le politique, le haut-fonctionnaire, la vedette, l’expert, le professeur de médecine etc. 

Quel que soit son niveau d’accomplissement, l’utile est la vache qu’il vous faudra traire pour nourrir vos objectifs ; l’entuber c’est gagner sa confiance pour en tirer profit.

Distinguer les utiles des inutiles

Mais avant de traire les vaches, il faut savoir lesquelles font du lait.

Prenez une feuille blanche, tirez un trait vertical en son centre, puis triez tous vos contacts en notant à gauche les utiles et à droite les inutiles.

Gardez en tête que certains qui semblent inutiles au premier abord ont une utilité indirecte, par exemple le collègue assommant dont l’épouse est médecin ; ceux-là doivent être gardés sous le coude, ils sont utiles par ricochet.

Une fois votre liste de contacts établie, faites le compte. 

Quelle est la colonne la plus fournie ?

Utiles ? Inutiles ?

Il y a fort à parier que si la balance penche du côté des inutiles, votre vie soit minée par l’échec : à fréquenter des bons-à-rien, on ne récolte généralement rien de bon. 

À l’inverse, si une majorité de vos contacts présente une utilité concrète, mesurable et éprouvée, vous êtes déjà (peut-être sans le savoir) sur la bonne voie. Ces contacts sont ceux dont vous aurez besoin pour vous élever, ceux qu’il faut entretenir et multiplier. 

Plus votre échelle comptera d’échelons, plus haut vous monterez.

Faire le ménage

Avant de vous lancer dans quelque ascension que ce soit, supprimez tous les inutiles de vos répertoires numériques et physiques. Effacez tous leurs messages. Jetez tout ce qui vous lie à eux. Cela peut-être des photos de vacances communes, un bibelot ou une carte postale moche, un vêtement offert et jamais porté… 

L’inutile a généralement mauvais goût, ça vous facilitera la tâche.

Si vous avez des scrupules, pensez à quelque chose qui vous indispose chez ceux que vous voulez effacer de votre vie. Untel qui sent l’oignon, Machine qui boit trop, Bidule qui ne rend jamais l’argent qu’il emprunte etc. Il y a toujours quelque chose de déplaisant chez les autres, et chez les inutiles en particulier, vous n’aurez pas à chercher loin. 

Idéalement, il faudrait à partir de maintenant ne plus répondre à leurs sollicitations : ne décrochez pas quand ils appellent, ignorez leur messages, et si cela ne suffit pas : bloquez-les. Le silence est généralement le meilleur moyen de se débarrasser d’un indésirable, et le silence est très pratique : ce que vous ne dites pas, on ne pourra pas vous le reprocher. 

Si les circonstances vous obligent à répondre à la sollicitation d’un inutile, soyez le plus imprécis possible, restez flou et ambigu… S’il s’agit d’un message reçu via téléphone ou messagerie instantanée, renvoyez un simple emoji Pouce-en-l’air ou Cœur, ça n’engage à rien et votre interlocuteur aura l’impression d’avoir obtenu ce qu’il souhaitait. Si vous devez absolument écrire en retour, essayez quelque chose comme « on en reparle », « on se tient au courant », « c’est clair ! », « carrément ! » Vous pouvez aussi faire des combinaisons : « c’est clair, on en reparle ! » et ajouter un emoji Pouce-en-l’air. 

Si d’aventure l’indésirable se voyait basculer dans la catégorie des utiles (gain à la loterie ou héritage, promotion, union de haut-rang etc.) et que vous deviez opérer un rapprochement stratégique, vous pourrez toujours prétendre avoir été « affreusement occupé » ou « terriblement malade ». La dépression est par exemple un excellent moyen de justifier un long silence : c’est mystérieux, invisible, on ne sait pas trop si ça se soigne ou pas, ça peut durer des mois voire des années et c’est juste assez gênant pour que l’on n’ait pas envie de trop vous interroger. 

Si vous tentez de recoller les morceaux avec l’inutile devenu utile, expliquez-lui bien que malgré votre silence vous avez pensé à lui « tout le temps » ou qu’il vous a « trop manqué », et avec un peu de bol, c’est lui qui se sentira mal de ne pas vous avoir soutenu davantage dans vos terribles épreuves.

On retiendra quand même que les basculements de l’inutile vers l’utile sont très rares, les inutiles le sont généralement à vie et ont tendance à s’agglutiner entre eux pour se plaindre de leur sort sans jamais rien faire pour le changer. Ces « foyers » sont d’ailleurs à éviter à tout prix, sauf à souhaiter finir comme eux. 

Les inévitables

Certains de vos contacts inutiles font partie de votre quotidien au point que vous ne puissiez vous en débarrasser ? Par exemple un collègue de bureau, un couple de voisins collant, un parent proche etc. Limitez les interactions au maximum, ne restez pas plus que nécessaire en leur compagnie, ne les encouragez en rien à vous contacter, et autant que possible ne répondez pas à leurs messages ou appels.

Si malgré tout vous êtes contraint à passer du temps avec eux, souriez, hochez la tête, placez quelques « bien sûr » ou « je comprends » dans la conversation, mais évitez toute question qui les encouragerait à poursuivre leur infernale litanie. Ne remettez pas de pièce dans la machine, et aussi tôt que possible faites savoir que vous avez à faire, prétextez une course, un appel, du travail, un chat à nourrir etc.

S’il s’agit de contacts professionnels, verrouillez tous les accès à votre sphère personnelle, n’allez pas boire de verre après le boulot, ne trainez pas autour de la machine à café, ne les invitez jamais chez vous et refusez toute invitation hors travail : « Un barbecue samedi soir ? Oh non, désolé, j’ai ma mère de passage tout le weekend. » 

S’il s’agit de contacts personnels, invoquez des obligations professionnelles pour les tenir à distance : « Un barbecue samedi soir ? Oh non, vraiment navré mais j’ai une deadline à respecter sur un gros dossier. »   

Ce ne sont bien sûr que des exemples, si vous n’avez pas de mère, que votre secteur professionnel n’implique pas de gros dossiers et qu’on ne vous invite pas un un barbecue mais à un apéro, un dîner, ou une représentation de cirque, adaptez-vous. 

Entuber les autres demande de l’imagination. Soyez créatif. 

Tester ses contacts

Si vous avez bien suivi, vous devez maintenant avoir à portée de main une liste de contacts utiles. Qu’elle soit courte ou longue, il va falloir la vérifier. Ce n’est pas tout d’avoir des contacts censément utiles, encore faut-il pouvoir les utiliser. Si vous avez le numéro de Dieu mais qu’il ne prend pas vos appels, vous n’avez que dalle, nib, nada.

Nous allons donc tester la fiabilité de vos contacts, et cette manœuvre à au moins autant d’intérêt pour les futurs que pour les présents. 

Prenez-en deux ou trois au hasard, et envoyez-leur le message suivant :

« J’ai besoin d’aide, appelle-moi, c’est urgent. » 

Qui vous appelle ? Et au bout de combien de temps ?

Si au bout de trois ou quatre heures vous n’avez reçu aucun appel, vous pouvez rayer ces contacts que vous pensiez utiles de votre liste. Une personne lambda regarde son téléphone 100 à 200 fois par jour, peu de chances que votre message n’ait pas été lu au bout de plusieurs heures.

À ceux qui vous appellent, ne répondez pas. Voyez le temps qu’il leur a fallu pour appeler, est-ce qu’ils laissent un message vocal ? Est-ce qu’ils insistent et vous rappellent plus tard ? Certains vous enverront un message du genre « Que se passe-t-il ? » pour tâter le terrain et protéger leur arrières, d’autres seront prêts à vous accorder leur aide inconditionnellement. Dans tous les cas, vous aurez une idée un peu plus précise des personnes dont vous pourrez espérer tirer quelque chose. 

Si aucune ne répond à vos sollicitations, vous n’avez de facto aucun contact utile. Les conseils dispensés dans cet ouvrage vous permettront de changer la donne.

Suis-je utile ou inutile ?

Avez-vous un domaine d’expertise particulier ? Disposez-vous d’un talent ou d’un savoir-faire qui vous distingue de la masse ? Avez-vous un […]