10 – Gérer une crise


Votre cible a des doutes, on vous soupçonne de duperie, de mensonge voire de malveillance… La situation se tend et vous craignez de voir le fruit de votre travail vous échapper, d’être démasqué, vilipendé, rejeté par la tribu et condamné à errer dans un désert social jusqu’à la fin des temps. 

Entuber n’étant rien d’autre que dissimuler ou maquiller ses intentions pour obtenir quelque chose, c’est en premier lieu sur ces intentions que l’on vous attaquera. Or, des intentions ne sont pas des actes, et non seulement les procès d’intention se concluent rarement par une condamnation, mais dans certains cas ils pourront même vous permettre de retourner la situation à votre avantage.

Si la conjoncture est un peu plus délicate et qu’à vos desseins malsains s’ajoutent des forfaits bien concrets, tout n’est pas perdu, mais s’arracher au bourbier sera plus compliqué. 

Niez !

Les trois premières règles à appliquer en cas d’accusation sont : nier, nier et nier.

Si vous avez appliqué les conseils dispensés plus haut et que le poisson est ferré, vous vous en sortirez facilement, surtout si c’est une première entorse : on vous accordera le bénéfice du doute ou le déni l’emportera. 

Une trahison minime ou un primo-mensonge peuvent d’ailleurs être une bonne manière de tester à la fois votre emprise et les limites de votre cible. Limites que vous pourrez ensuite progressivement repousser et finalement piétiner. 

On vous reproche de ne pas avoir tenu parole ? De ne pas avoir honoré un engagement ? Un simple « Non, je n’ai jamais dit ceci ou cela » devrait suffire à vous tirer d’affaire, à condition de tenir fermement votre position.  Si besoin, invoquez le malentendu : « Nous nous sommes mal compris », « Ce n’est pas ça que je voulais dire » ; ou l’excellent « Je me suis mal exprimé » qui permet de reconnaître avoir fauté sans reconnaître la faute originelle. L’égo de votre accusateur sera épargné, et votre impunité assurée. 

L’embrouille

Nier ne passe pas ?

Une solution en trois mots : noyer le poisson.

Semer le doute et la confusion en entrainant vos accusateurs dans une discussion sans queue ni tête qui finira par leur faire perdre leurs repères et oublier la raison pour laquelle ils s’en prenaient à vous en premier lieu.

Partez du principe que ceux face à vous sont rationnels, que leurs reproches ou suspicions le sont également, et niez cette rationalité, rejetez le raisonnable nécessaire à tout échange ou compromis et soliloquez, évoquez des situations ou des personnes qui n’ont aucun lien avec le moment : « Tu me fais penser à ma cousine Berthe ». 

Détournez, corrompez : « Tu es belle quand tu t’énerves. » Invoquez des absents, usez de mots compliqués et vagues : « Machine pense que tu es paranoïaque à tendance rugueuse. »  Généralisez : « C’est toujours le même problème avec les gens comme vous. » 

Dédaignez : « Tu es libre de le penser. » 

Inventez : « Il y avait des grèves, on m’a volé mon portable, il y a eu une pluie de sauterelles, une inondation, un tremblement de terre »… 

Et si votre accusateur s’accroche et finit par marquer des points, renvoyez-le à la case départ : « Mais en vrai, qu’est-ce que tu me reproches ? » ; « Je ne vois pas où tu veux en venir » ; « Tout cela est très confus »…

Alors, il recommencera et vous pourrez jouer la carte de l’usure : « Tu me fatigues, tu radotes, c’est toujours pareil, cette discussion ne va nulle part… » 

Ceux qui n’abandonneront pas finiront par craquer, et quand ils s’emporteront, vous aurez tout le loisir de le leur reprocher.

L’inversion accusatoire

Si la situation est plus glissante et que votre victime n’est pas dupe, vous pourrez opter pour l’inversion accusatoire, une technique particulièrement sournoise et efficace de déstabilisation de l’adversaire. Le principe en est fort simple, se soustraire aux attaques et obliger l’assaillant à se justifier en inversant les rôles : vous devenez victime, il devient coupable. La mauvaise foi et l’aplomb que demande cette pirouette suffiront parfois à désarçonner celui qui vous fait face. 

Si le contexte le permet, attaquez en miroir : on vous reproche par exemple d’être systématiquement en retard, de ne jamais répondre aux messages ou de ne pas avoir honoré un engagement ? Rappelez à celui qui vous blâme un de ses manquements dans le domaine, peu importe la proportionnalité, l’idée n’est pas de d’ouvrir une discussion mais de changer de sujet et d’accusé.

Votre accusateur n’a rien à se reprocher ? Fabulez. À cette personne qui vous reproche de l’avoir négligée lors d’un évènement ou d’une soirée, rétorquez que […]